Un mauvais jeu. Un geste de trop. Et un mort. À Gohitafla, localité du centre-ouest ivoirien, un jeu entre potes a viré à la tragédie, le samedi 17 mai. En cause : un adolescent, Zamblé Bi Trayé, une vingtaine d’années, qui voulait juste « montrer sa force ». Résultat : son ami Tra Bi Ta est mort.
Les faits ? Une conversation banale entre copains, quelques rires, puis l’escalade. Le ton monte, les égos chauffent. Et soudain, le corps de Tra Bi Ta s’élève dans les airs avant de s’écraser lourdement sur le bitume. Le choc est brutal. Le silence, glaçant. Tra Bi Ta saigne des oreilles et du nez. Il ne se relèvera pas.
Zamblé voulait impressionner. Il a tué.
L’alerte est donnée, la brigade de Gohitafla intervient. Le blessé est transféré au Centre de Santé Rural. Trop tard. Le lendemain, dimanche 18 mai, le cœur de Tra Bi Ta cesse de battre. Et celui de sa famille, de ses proches, explose de douleur.
Pas d’armes. Pas de règlement de comptes. Juste un jeu. Et peut-être, en toile de fond, ces éléments invisibles qui rendent les gestes incontrôlables : la pression sociale, les substances qu’on avale sans trop réfléchir, les postures de virilité imposées à la jeunesse masculine.
Il faudra bien en parler un jour. De cette jeunesse qui confond force et violence. De ces corps qu’on veut rendre durs comme l’asphalte, quitte à les briser – ou briser celui d’en face. De cette banalisation des comportements à risque, nourris par l’ennui, l’alcool, parfois la drogue, souvent les deux.
À Gohitafla, ce jour-là, un jeune homme est tombé. L’autre a été arrêté. Et tout un village se retrouve groggy, comme au sortir d’un coup mal encaissé.
Ce drame n’est pas qu’un fait divers. Il dit quelque chose de nous, de notre époque, de ce que nous laissons se normaliser dans les interstices de la vie quotidienne. Il pose cette question brutale : à quel moment avons-nous cessé de protéger la vie ? Et que reste-t-il d’un jeu, quand l’un des joueurs ne rentre plus chez lui ?
ANGECOLOMBE
Correspondant régional
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