Un atelier historique pour la structuration du secteur des agences d’emploi privées (AEP) s’est tenu les 4 au 6 août 2025 à l’hôtel l’Équateur, situé dans la ville de Grand-Lahou, à 133 kilomètres de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Plus de 50 entreprises d’agences d’emploi privées se sont réunis afin de faire des propositions au Gouvernement ivoirien pour meilleure organisations de leur secteur d’activité.
Soutenu par l’Organisation internationale du Travail (OIT), à travers les projets FMM II, AGRIDOM et FAIR III, cet événement marque une étape décisive avec la mise en place d’une association nationale des AEP de Côte d’Ivoire, dotée de statuts, d’organes élus et d’un plan d’action triennal.
> « L’objectif est de faire du secteur un espace organisé, équitable et digne pour les travailleurs comme pour les agences », a déclaré Aya Alida N’Dri Tant, coordonnatrice du projet FAIR III.
Selon l’Agence Emploi Jeunes, 321 agences coexistent actuellement, mêlant agréées, non agréées et informelles. En cause, une forte informalité, des pratiques déloyales et un manque d’alignement sur les normes internationales. Le projet FAIR III a mené plusieurs phases de sensibilisation et de formation depuis 2023 pour encourager la formalisation et promouvoir les bonnes pratiques du recrutement équitable.
« Beaucoup de cabinets exercent sans respecter les règles. Il fallait poser les bases d’un assainissement du secteur », a souligné Kady Diarrassouba, sous-directrice de l’emploi salarié à l’AEJ.
Les 50 participants, dont 40 responsables d’agences, ont été répartis en groupes de travail sur trois axes : procédures de mobilisation, lutte contre la concurrence déloyale et organisation de l’association. Les débats ont permis d’harmoniser les pratiques tarifaires, de redéfinir les modalités de placement et d’établir les responsabilités sociales des agences.
« Harmoniser les prestations est vital pour crédibiliser le secteur. Nous voulons créer une dynamique solidaire et professionnelle », a affirmé Fatoumata Koné, directrice générale de Fatco Services International.
L’atelier s’est conclu par l’adoption officielle des statuts et d’un règlement intérieur, l’élection d’un bureau exécutif et la validation d’un plan d’action 2025–2028. Parmi les objectifs : renforcer le cadre légal, instaurer un mécanisme de collaboration avec l’AEJ, et accentuer la formation continue.
« C’est une avancée historique. Désormais, les AEP ivoiriennes auront une voix collective pour dialoguer avec les institutions et relever les défis de l’emploi », a souligné un participant.
Avec cette structuration, les AEP entendent bien peser dans la dynamique du travail décent, conformément aux orientations de l’OIT.
La création de cette association nationale signe le début d’une mutation profonde du secteur. L’engagement collectif affiché à Grand-Lahou augure une meilleure gouvernance, une régulation plus stricte, et un avenir plus juste pour les travailleurs en quête d’un emploi digne.
« Nous voulons fédérer nos forces, faire respecter la déontologie et représenter dignement la profession », a conclu un membre du bureau nouvellement élu.
Josué Koffi
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