Une étape importante dans la lutte contre la dégradation des terres a été franchie ce mardi 22 juillet 2025 avec la signature officielle d’une convention de partenariat entre l’Abidjan Legacy Program (ALP) et l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE).
La cérémonie s’est tenue au siège de l’unité de coordination du programme, situé aux Deux-Plateaux Vallon, en présence d’experts, de partenaires et de responsables des deux institutions.
Cette convention s’inscrit dans un effort national visant à freiner les impacts dévastateurs de l’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire. Le partenariat entend structurer une collaboration durable entre les deux entités, en lançant notamment un comité conjoint de suivi et en initiant des projets pilotes axés sur la restauration des terres, la transition écologique, ainsi que la sensibilisation des communautés locales
Pour Raymond Bohoussou, président de l’ONG AEIE, cette convention matérialise un engagement fort en faveur d’une gouvernance environnementale responsable dans le secteur minier :
« Depuis sa création, notre ONG milite pour une prospérité durable respectueuse de l’environnement et des droits humains. Ce partenariat avec ALP est un pacte de responsabilité envers les générations futures. Ensemble, nous allons mettre en œuvre des projets concrets allant de la restauration des sols dégradés à la sensibilisation des communautés, en passant par la promotion d’alternatives durables. »
De son côté, Abou Bamba, coordonnateur de l’Abidjan Legacy Program, a rappelé l’ampleur des dégâts causés par l’orpaillage illégal :
« Plus de 20 000 hectares de forêts ont été détruits entre 2010 et 2020. Les produits chimiques comme le mercure et le cyanure polluent massivement nos cours d’eau, notamment la Marahoué, le Cavally, le Sassandra et le Bandama, compromettant la pêche et affectant la santé des populations locales. Ce sont aussi plus de 40 000 enfants qui sont exposés à ces substances toxiques. »
Sur le plan économique, l’orpaillage illégal prive le pays de revenus considérables. Ce sont environ 142 tonnes d’or qui échappent chaque année au circuit officiel, représentant une perte estimée à plus de 4 600 milliards de FCFA, soit près de 10 % du PIB ivoirien.
La convention, d’une durée de cinq ans renouvelable, prévoit des actions dans plusieurs domaines clés :
Cartographie et restauration des terres dégradées
Éducation environnementale et renforcement des capacités
Déploiement de projets pilotes à fort impact territorial
Mobilisation de ressources et création de partenariats stratégiques
Inclusion sociale, genre et jeunesse
Plaidoyer et influence politique
Veille stratégique et innovationUn levier pour les objectifs du programme présidentiel
Rappelons que l’Abidjan Legacy Program est un programme présidentiel issu de la COP15 de 2022, doté d’un budget de 2,7 milliards de dollars. Il vise à restaurer 20 % du couvert forestier national d’ici 2030 à travers une stratégie intégrée alliant restauration écologique, sécurité alimentaire et création d’emplois durables.
Ce partenariat avec AEIE constitue ainsi un levier stratégique dans la mise en œuvre du programme, notamment dans le cadre de la réhabilitation de 4 500 hectares de terres dégradées par l’orpaillage illégal à travers une cartographie détaillée des 31 régions du pays.
Cette signature marque une volonté commune de bâtir une réponse structurée, inclusive et durable aux défis environnementaux et sociaux posés par les activités minières non réglementées. Elle réaffirme également l’engagement du gouvernement ivoirien en faveur d’un développement résolument tourné vers la durabilité et la justice environnementale.Josué Koffi
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