Appeler à l’action face à l’enracinement de la corruption dans la gestion des affaires publiques en Côte d’Ivoire. Et proposer des solutions réalistes pour restaurer la confiance entre l’État et les citoyens.
C’est le pari tenu par l’administrateur des services financiers au trésor public en Côte d’Ivoire, Diby Amafou Pierre-Stéphane, dans son ouvrage intitulé « Côte d’Ivoire, l’urgence de l’intégrité : analyse des mécanismes de lutte contre la corruption », dédicacé à l’hôtel Tiama à Abidjan-Plateau le mercredi 19 novembre 2025.

La cérémonie, empreinte de solennité et de convivialité, a réuni personnalités, avec à leur tête, le directeur général du Trésor public Ahoussi Arthur Augustin Pascal et Mme Esso Abane Blanche, Présidente du Pôle Pénal Économique et Financier.
Préfacé par Mariame Krauer-Diaby, le livre compte 314 pages.

Prenant la parole à la cérémonie, l’auteur a précisé d’entrée que son ouvrage ne visait ni la polémique ni la stigmatisation.
« Je ne suis pas un donneur de leçons, je ne suis pas un juge. Je suis un citoyen ivoirien profondément républicain », a-t-il indiqué.
Sur les raisons qui l’ont poussé à consacrer un ouvrage entier à la corruption, il a expliqué que le phénomène a un coût économique considérable.
Citant les propos du président de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, il a rappelé que « la corruption fait perdre à la Côte d’Ivoire 1 300 milliards de francs CFA chaque année, soit 4 % du PIB ».

Il a également déploré le coût social de la corruption. « Ce sont des repas en moins dans les cantines, des soins que l’on ne peut pas administrer, des infrastructures mal réalisées ».
Sur le plan institutionnel et politique, l’auteur met en garde contre la rupture de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants : « Lorsque les gouvernés n’ont plus confiance en ceux qui les gouvernent, les États deviennent vulnérables à l’instabilité »
Enfin, il a rappelé les conséquences sur l’image du pays : « La corruption entame la réputation des institutions, des organisations et même des nations ».
L’une des spécificités du livre est, selon lui, l’analyse des pratiques sociales susceptibles de favoriser certains comportements.
L’auteur reconnaît les avancées enregistrées dans la lutte contre la corruption. Il a rappelé les progrès réalisés dans l’indice de perception de Transparency International entre 2020 et 2024, affirmant que « cela témoigne des efforts du gouvernement ».
Cependant, il note plusieurs insuffisances :« La méconnaissance des procédures, l’absence d’un régime juridique clair pour les cadeaux ou encore la faible présence de certaines structures anticorruption sur le territoire doivent être corrigées », a-t-il indiqué.

L’ouvrage de Diby Amafou formule dix recommandations majeures. Devant le public, il en a évoqué plusieurs : « Renforcer le contrôle interne dans la gestion publique » ; « Promouvoir l’éthique et l’intégrité » ; « Utiliser les technologies pour améliorer le contrôle » ; « Communiquer sur les sanctions pour renforcer la confiance » ; « Revaloriser la fonction publique, car il faut donner à chacun le minimum pour résister aux tentations » ; «Former les élus, souvent confrontés à des règles complexes qu’ils maîtrisent mal ».
Le secteur privé n’est pas en reste. « Il doit aussi se conformer aux normes internationales comme la norme ISO 37001 version 2025 », a indiqué l’auteur.
Pour finir, Diby Amafou appelle à la mobilisation collective. « Le groupe est plus fort que le plus fort du groupe », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une action commune entre l’État, le secteur privé et la société civile.
« Je ne peux progresser seul. Ensemble, conjuguons nos efforts pour faire rayonner notre nation à l’aune de l’éthique, de la transparence et de la reddition des comptes », a-t-il conclu.
David Kouassi

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