Au terme d’un atelier de réflexion sur : « l’enregistrement des frais de décès et leur communication à la CEI », organisée mardi à Yamoussoukro, le président de la Commission électorale indépendante Coulibaly Kuibiert a répondu aux questions des journalistes.
Nous voudrions vous remercier parce que vous venez de nous éclairer sur cette notion de cartographie et de découpage électoral. C’est vrai qu’ici on parle de décès, mais on ne peut pas vous avoir devant nous sans évoquer la question de la liste électorale. Samedi dernier, Madame Simone Gbagbo était à Bondoukou, dans le cadre de ce qu’elle appelle la fête des libertés. Dans son intervention, elle a déclaré que la liste électorale ne serait pas crédible. Je ne sais pas pourquoi elle le dit, mais comme vous êtes là, nous aimerions bien comprendre pourquoi l’ex-première dame a fait cette déclaration. Peut-être y a-t-il un problème de confiance. Comme vous êtes ici, nous aimerions avoir des éclaircissements sur cette liste électorale. Pourquoi tant de responsables politiques se plaignent-ils de cette liste ?
Vous voulez que je réponde à une observation qui ne vient pas de moi. Mais je voudrais vous rassurer en ce qui concerne la Commission électorale indépendante. Cette liste existe depuis longtemps et elle est améliorée chaque année. Tous ceux qui critiquent ont été élus sur la base de cette liste. Que faut-il faire pour que la liste soit crédible? À mon avis, chacun doit jouer sa partition. À l’occasion de la révision de la liste électorale, c’est le moment de l’actualiser. Comment? Pour les nouveaux majeurs, il appartient aux partis politiques d’encourager nos concitoyens à s’inscrire sur la liste électorale. Deuxièmement, si vous êtes déjà inscrit mais souhaitez changer de lieu de vote, c’est l’occasion lors de la révision, même si cette phase a contrarié Monsieur Assalé Tiemoko. C’est à ce moment-là que vous pouvez demander à changer de lieu de vote conformément aux règles. Par ailleurs, si vous avez des modifications personnelles, comme un mariage ou un changement de nom, la révision de la liste électorale est le moment opportun pour mettre à jour vos informations. C’est ainsi que la liste électorale tient compte des changements intervenus dans le corps électoral. C’est pourquoi le législateur prescrit à la Commission électorale de réviser la liste chaque année pour l’améliorer. Je demande à chaque parti politique de participer à ce processus. C’est pourquoi, au début de chaque opération, nous invitons les partis politiques à discuter avec nous des modalités. Mais ce n’est pas nouveau. Cela me peine lorsque la Commission électorale est pointée du doigt comme un bouc émissaire ou un mystère. Que peut faire une liste électorale? C’est cette même liste qui a été utilisée depuis 1900. Nous n’avons fait que l’améliorer. Si vous dites qu’elle n’est pas crédible, vous mettez en cause les institutions de la République, car les députés qui représentent la nation en sont issus. Les sénateurs en sont également issus, car ils sont élus par les grands électeurs, qui proviennent des élections locales et autres. Je souhaite que les débats soient ouverts lors de nos différentes rencontres. Chacun devrait venir avec ses propositions. Pourquoi sommes-nous ici aujourd’hui ? Parce qu’à l’occasion de la révision de la liste électorale de 2023, certains partis ont remarqué la présence de personnes décédées sur la liste. Conscients de cette réalité, même si cela n’affecte pas nécessairement la crédibilité, nous avons pris des mesures. Nous avons organisé cette réunion pour trouver des solutions et extirper les personnes décédées de la liste. C’est ainsi que nous devrions procéder. Mais lorsque des gens disent que la liste électorale n’est pas crédible sans donner de raison, cela pose problème. Est-ce que vous pensez que je suis le destinataire de ce genre de remarques? Je dis simplement que la perfection n’est pas de ce monde. Alors, venons ensemble améliorer la liste électorale pour le plus grand bien de la population ivoirienne.
Ma question concerne l’atelier où 17 recommandations ont été faites pour extirper les morts de notre liste électorale. Nous avons vu des recommandations qui nécessitent des moyens financiers et techniques. Comme nous savons que nous sommes dans un pays où il est déjà difficile de déclarer les vivants, on nous demande d’apprendre à déclarer les morts. Les élections commencent déjà en 2025. Est-il certain que nous pourrons commencer à extirper les premiers morts de cette liste électorale avant ces élections de 2025 ?
Il est bon que je précise à tout le monde que les morts ne représentent pas un danger pour la Commission électorale indépendante. Je le dis parce que les politiques nous entraînent parfois sur leur terrain. C’est pourquoi nous nous occupons de cela. En principe, l’article du code électoral précise les éléments à inscrire concernant un citoyen, des données biométriques aux données alphanumériques. Chaque personne a une identité unique, et les empreintes digitales sont uniques. Ainsi, la machine biométrique étant là, dès que vous êtes décédé, personne ne peut se substituer à vous si chacun joue son rôle. Jusqu’à nouvel ordre, les morts ne constituent pas un danger pour nous, au sens propre comme au sens figuré. Sauf que, pour les politiques, conscients de ce qu’ils peuvent en faire, certains s’imaginent que les morts peuvent voter. Peu importe, nous allons les retirer de la liste. Cela fait bien longtemps que nous retirons les morts de la liste. À chaque révision, nous extirpons les morts de la liste.
Nous faisons ce qui doit être fait. Ne vous inquiétez pas. Un mort qui est bien mort ne peut pas voter. Mais il est bon, pour des raisons de présentation, qu’un mort ne se trouve pas là où les vivants se trouvent. C’est pour cette raison, en dehors de certains lieux d’entrepophagie où des gens préfèrent vivre dans un cimetière. Sinon, les lieux sont clairement délimités entre vivants et morts. En dehors de ce cas, vraiment, ne vous inquiétez pas. Je vous le dis encore, ce n’est pas parce qu’il y a des morts sur la liste électorale que notre liste n’est pas fiable. D’ailleurs, je vous dis ceci : le système électoral, au niveau de l’enrôlement, utilise deux approches. Il y a le système dit « massif » et le système dit « sélectif. » Le système « massif » consiste à basculer systématiquement tous les citoyens sur la liste électorale, puis, au fur et à mesure des révisions, à retirer ceux qui sont décédés ou déchus de leurs droits civiques et politiques. L’avantage de ce système, c’est qu’on a une liste électorale bien remplie, mais le taux de participation peut être faible. Si vous avez 100 personnes sur la liste, mais seulement 10 qui viennent voter, le taux de participation est faible. Parmi ces 100 personnes, certaines ne devraient peut-être pas être sur la liste. Cependant, l’avantage du système « massif » est qu’il inclut un large éventail de personnes.
Le système « sélectif, » lui, consiste à soumettre les individus à des conditions avant de les inscrire sur la liste électorale. L’avantage de ce système, c’est que ceux qui sont sur la liste méritent d’y être, et le taux de participation est généralement plus élevé. L’inconvénient, c’est ce que nous constatons. Comment peut-on avoir 29 millions de personnes en Côte d’Ivoire et seulement 8 millions sur la liste électorale ? Parmi ces 29 millions, tous ne sont pas Ivoiriens. Et même parmi les Ivoiriens, tous ne sont pas électeurs. Quand vous enlevez les électeurs, vous vous rendez compte qu’il y en a bien moins que le total. Nous sommes à l’aise avec cela. Mais les politiques aiment parfois créer des peurs, et nous n’entrons pas dans ces débats pour ne pas être accusés de partialité politique. Lorsqu’ils viennent à nous, nous leur expliquons la réalité, et ils se rendent compte que ce qu’ils disent n’est pas toujours vrai. Ils seront extirpés de la liste à bonne date.
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